Par decala
Il aura donc fallu une conquête industrielle mal maîtrisée au nom d’une spéculation déjà condamnable pour qu’une certaine douceur de vivre disparaisse progressivement aux portes de Paris à la fin du XIXème siècle, juste après que les Parisiens se sont trouvés affamés pendant le siège de Paris en 1870 et contraints de manger parfois du rat pour subsister ! Dans la dynamique d’une architecture déjà retenue sur Paris par le Baron Haussmann (ci-contre), cette étendue de la banlieue nord-est était à Aubervilliers un site idéal pour le stockage. Aussi bien celui de denrées alimentaires non périssables ou de produits manufacturés, que celui de combustibles.
Sur la fin du règne de l’empereur Napoléon III, toutes ces vastes étendues étaient de surcroît bon marché. Et si la Société anonyme des Entrepôts et des Magasins Généraux a pu développer durant soixante-dix ans un tel concept industriel et jusqu’en 1950, c’est que tout l’y encourageait ! Autant la perspective de réaliser durant des années une affaire immobilière prometteuse au nom d’une spéculation outrancière condamnable que celle de pouvoir céder ensuite des actifs fortement valorisés. Chacun de ces pionniers de la transformation en était convaincu, il convenait de faire des tout premiers magasins généraux créés en 1848 une entreprise performante en dotant l’ensemble d’outils financiers du dernier cri. Beaucoup donc s'enrichiront au cours de ces années-là pendant que d'autres s'apprêteront à perdre ce qui faisait jusqu'ici le charme d'un endroit considéré comme celui du maraîchage. Un véritable dépotoir surgira faisant de ces anciennes étendues vertes un endroit où l'on commercialisait denrées et combustibles dont ce charbon qui arrivait par péniches avant d'être déchargé sur la darse de la Charbonnière (photo ci-dessous).
Que de souvenirs pour Louis PETRIAC longtemps après avoir quitté cet endroit au riche passé historique ! Un passé remis au goût du jour après une enquête réalisée pour les besoins de ce livre Sans doute le fait d'avoir appris son entière démolition a t-il agi sur sa volonté de vouloir retrouver par la mémoire tout ce qu'il avait connu d'un quartier pourtant resté inconnu pour lui durant son enfance et dont on ne parlait jamais chez lui !
Louis PETRIAC l'écrivait dans son ouvrage en 2012 : "Pourquoi d’ailleurs les plus fortunés ne se seraient-ils pas enrichis au nom d’une logique imperturbable ? La leur ? Ni fait de la région une capitale, et quelle capitale ! Une capitale de l’entrepôt où l’on concentrerait en un seul lieu toutes les marchandises nécessaires à l’industrie et au commerce parisiens ! Faire de Paris une plaque tournante du négoce entre l’Europe et l’Amérique, n’était-ce pas défendable ? Le peuple de Paris avait tant manqué durant le difficile automne 1870 qui en avait vu contraints de « bouffer » du rat durant le siège de la capitale ! Sans se douter que tout cela finirait par nuire à plus long terme au développement d’êtres humains ! Car, si des choix ont été opérés jusqu’en 1950, ils l’ont souvent été au détriment et au mépris de l’humain et de l’environnement ! Sans que l’on se soucie un seul instant de ce qu’on faisait subir à des travailleurs faiblement rétribués et à un site en méprisant ouvertement tous les aspects écologiques !"
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[1] avec les warrants.
HISTOIRES D'AVANT, Louis PETRIAC, ISBN 978-2-918296-11-9