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La Minette, le chaton abandonné de Savignac... Miaous recueillis...

L'ouvrage que l'ancien chercheur et zoologue au CNRS Jean-Loup d'HONDT a consacré à La Minette, le chaton abandonné de Savignac ne manque pas d'humour, surtout quand l'auteur prête à son chat des réflexions qui feraient sourire, témoin celles qui suivent. D'autres s'y son également essayé durant la période de confinement due à nos dictateurs LaREM qui nous valent cet extrait vidéo un poil amusant (de chat) en fin d'article !

Extraits : Moi, La Minette, j'ai eu la bonne fortune de connaître deux modes de vie successifs et foncièrement différents. Tout d'abord, pendant plus de cinq ans, dans une maison de campagne en Périgord pourvue d'un vaste jardin accolé à un champ de hautes herbes tondu deux à trois fois par an, adossé à un sous-bois dans lequel les humains ne se promenaient que rarement. J'y pourchassais ces animaux allongés pourvus de quatre pattes et grimpant le long des murs, auxquels vous donnez vous autres, le nom de lézards. J'attrapais aussi à l'occasion quelques petits campagnols... Mais sincèrement, est-ce que vous avez déjà vu des maîtres chasser des souris à l'attention de leurs chats ou jeter par la fenêtre les feuilles mortes qui avaient été consciencieusement déposées sur leur lit ?... Depuis que "Petite soeur" et "Petit frère" ont bien voulu me recueillir, je vis avec eux dix mois à Paris et deux mois en Dordogne, ce qui suppose plusieurs congés annuels. Mais, voulez-vous que je vous dise, l'ennui c'est qu'à Paris, je ne sors que très rarement de l'appartement à l'étage, passant une partie de la journée à regarder par la fenêtre le paysage, les pelouses, les fleurs qui varient chaque mois et une collection de Titis avec lesquels je ne peux même pas jouer comme tous les autres Gros Minets. Il faut dire que même si j'en avais la possibilité, leur vivacité m'empêcherait de les capturer car, quand ils s'envolent, pour leur courir après, bonsoir ! Je n'ai plus, non plus, la possibilité d'aiguiser mes griffes sur les troncs des pommiers sur lesquels je me plais à grimper là-bas à Savignac en Périgord, ce qui me conduit à passer mes nerfs sur les meubles avec, je l'avoue, une préférence marquée pour les fauteuils que j'ai, parfois, rendu inutilisables ou les rideaux qu'il a fallu changer plusieurs fois parce que j'en avais fait des charpies... Je le reconnais, quand j'ai choisi d'être insupportable, je suis inégalable...

Peut-être est-ce une chance d'avoir parfois pour colocs des personnes intellectuellement actives et exerçant une profession en rapport avec des thèses qui nous sont chères, car si nous consacrons plusieurs heures par jour à méditer dans le silence, nous ne serions pas capables de rédiger des livres ou d'écrire des articles comme vous autres... Sans que vous vous en soyez toujours rendu compte, certains d'entre nous ont d'ailleurs des circuits nerveux développés, et d'autres des aptitudes physiques et des réflexes qui se sont accentués au détriment de ce que nous possédions génétiquement et que nous avons choisi de ne pas toujours utiliser.

LA MINETTE, LE CHATON ABANDONNE DE SAVIGNAC, Jean-Loup d'HONDT, ISBN n° 978-2-918296-49-2