Enfin décoré par le Général Le Bot le 6 juin 1999, 55 ans après !
Nul doute que Robert SUDEY y ait longtemps pensé en se levant à chaque 8 mai et en entendant évoquer à la radio ce qu'avait été cette fin de conflit. Comment tous ces jeunes gens qui, parfois âgés d'à peine vingt ans, qui n'avaient pas hésité à sacrifier beaucoup de choses pour que vive leur idéal de liberté, pourraient-ils oublier une telle journée ? Robert SUDEY plus connu dans le maquis sous le nom de "La Torpille", en faisait partie qui n'a pas hésité dès le 6 mars 1942 à s'engager, d'abord chez les Chasseurs Alpins au 27è BCA d'Annecy. Il rejoindra ensuite très vite le maquis en Périgord pour en devenir en 1944 l'un des éléments les plus actifs. A 94 ans - il les avait eu en août 2018 - le vieux maquisard n'avait pas oublié quelles étaient les valeurs qui faisaient avancer les jeunes de l'époque. Il le révèle dans son ouvrage*, "...c'est incontestablement en entendant l'appel historique du général de Gaulle le 18 juin 1940 que mes convictions d'adolescent ont commencé à se forger... J'avais développé mes propres centres d'intérêt et ce qui m'apparaissait injuste m'abominait. Je me souviens encore, à l'âge de dix ans, m'être insurgé à l'annonce de l'invasion italienne en Ethiopie. Cela m'était apparu tellement incompréhensible, surtout à l'idée qu'un peuple puisse soudain en asservir un autre !"
Et effectivement, en 1940, après la débâcle vécue face aux troupes allemandes, beaucoup avaient du mal à se faire à l'idée que nous pourrions, nous en France, vivre un jour un asservissement comparable. Ce sera encore plus vrai après la célèbre poignée de main de Montoire scellant une collaboration entre ce qui restait de notre pays et l'hégémonie nazie. Robert SUDEY paiera cher cet engagement de maquisard puisque, sitôt Périgueux libéré, il sera gravement blessé à la suite d'un jet d'obus devant Angoulême qu'il était parti libérer du joug de l'ennemi. Emmené à la morgue d'un hôpital proche, alors qu'on le croyait perdu, il s'y réveillera et sera aussitôt soigné par l'un de ces hommes auxquels on doit beaucoup : le professeur FONTAINE qui trouvait ce jour-là qu'il avait déjà assez coupé de bras comme ça ! Emigré de Strasbourg, ce chirurgien trouvera même le moyen de lui greffer des tendons de chien pour sauver un bras qui restera longtemps dans un très sale état. "... Une artère coupée et une sale blessure avec l'os dénudé, sur un bras, c'est très impressionnant ! Jamais, je n'aurai imaginé que les pulsations du coeur puissent envoyer le sang aussi rapidement et aussi loin de celui-ci ! Si je n'avais pas eu la présence d'esprit de boucher l'artère avec les moyens du bord et de faire un garrot, que serait-il arrivé ? Beaucoup de résistants, en Périgord, ne seraient d'ailleurs pas restés entiers s'ils n'avaient pas eu la chance, comme moi, de croiser sur leur chemin, le professeur Fontaine."
L'ouvrage témoignage de Robert SUDEY : Ma guerre à moi... Résistant et maquisard en Périgord, publié en 2009 et réédité en 2013, il est relativement facile de se le procurer. Aussi bien en librairie que chez nous en allant dans notre boutique en ligne.
MA GUERRE A MOI... RESISTANT ET MAQUISARD EN DORDOGNE, Robert SUDEY, ISBN n° 978-2-918296-23-2