De cette affreuse affaire Ranucci et de la mort d'une fillette de huit ans, survenue en juin 1974, il ne reste aujourd'hui que des doutes, doutes qui auront précipité un jeune homme immature sous le couperet de la guillotine parce qu'il s'était montré trop arrogant face à ses juges. On dira après coup de cette juge di MARINO qu'elle avait instruite l'affaire avec une légèreté dont le jeune Christian RANUCCI ne se relèvera jamais. Il n'en reste pas moins qu'au milieu de tous ces doutes, certains restent également attachés à la personnalité de cette juge d'instruction qu'était Ilda di MARINO qui reste liée à deux dossiers qui ne l'auront pas grandie. Car la juge di MARINO, si elle a joué un rôle important dans l'affaire Ranucci était intervenue dans un autre dossier où, là non plus, elle n'aura pas laissé un souvenir prodigieux, celui des Calanques, qu'elle aura instruit à la même date à partir d'août 1974, ce qui pourrait expliquer ce manque de disponibilité constaté par Jean-François LE FORSONNEY, l'avocat du jeune homme.
Le 21 août 1974 en effet, Anne TONGLET et Araceli CASTELLANO, deux touristes belges homosexuelles vivant en couple et qui pratiquaient le naturisme s'étaient en effet installées dans une calanque près de Marseille campant à proximité à Morgiou. Abordées par un jeune homme, Serge PETRILLI qui avait été éconduit, ce dernier était revenu avec deux amis, Guy ROGER et Albert MOUGLALIS pour les frapper et les violer durant plusieurs heures. Sévices sexuels qui avaient fait qu'Araceli CASTELLANO était tombée enceinte. La justice leur tournant le dos à une époque où le viol n'était pas encore considéré comme un délit, révoltées par une institution masculinisée à l'extrême, elles s'éraient unies pour faire entendre leur voix et surtout, faire enfin reconnaître les droits des femmes.
Il est vrai que l'instruction avait commencé par une enquête de moralité des victimes, au cours de laquelle les enquêteurs s'étaient montrés très suspicieux à l'image de la juge di MARINO. Plus de quarante ans plus tard, Anne TONGLET et Araceli CASTELLANO restent les visages de l'un des plus grands combats féministes de l'histoire. Mais détruites par cette nuit d'été 1974, les deux jeunes femmes s'étaient séparées peu avant la promulgation d'une loi nouvelle. Après une longue errance judiciaire, subissant un viol, contrairement à ce que semble dire le procès-verbal des déclarations à la juge d'instruction, Ilda Di MARINO avait dénaturé leurs propos. La juge d’instruction avait beau être une femme, dira Anne TONGLET, elle n’en était pas moins conservatrice et mal à l’aise avec l'homosexualité des plaignantes qu'elles étaient. Celles-ci avaient donc fait appel à une ténor du barreau et du féminisme, Gisèle HALIMI. La juge d’instruction en charge de l’affaire avait en effet qualifié les faits de simples coups et blessures, après avoir forcé les victimes à reconnaître qu’elles s’étaient laissées faire après leur premier refus, et qu'elles avaient donc été consentantes. « Il a fallu trois ans et neuf mois, pour que la justice, lourde, tortueuse, humiliante, finisse par admettre l'incompétence du tribunal correctionnel ».
De ce profil de la juge di MARINO (photo en tête d'article) on ne peut que s'interroger entre la jeune étudiante en droit qu'elle avait été et cette responsable au faciès tourmenté donnant le sentiment que celle-ci n'avait pas trouvé dans l'exercice de sa profession l'épanouissement qu'elle aurait dû y trouver si ses attentes avaient été comblées. On ne saura jamais ce qui avait pu arriver à cette femme juge pour qu'elle en arrive à saboter ainsi ses fonctions. Autant lors de l'affaire RANUCCI que lors de l'affaire des touristes belges violées ! Cette juge controversée, qui avait instruit uniquement à charge l'affaire du jeune niçois et qui était ensuite devenue conseiller honoraire à la Cour de Cassation, est décédée en 2011 à Marseille, elle avait 79 ans.
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CHRISTIAN RANUCCI... CE SALE GOSSE ETAIT-IL INNOCENT OU COUPABLE, Louis PETRIAC, ISBN 978-2-918296-59-1
