Comme l'avait écrit dans sa préface Jean-Jacques BLANC lorsqu'il s'est agi de présenter l'ouvrage que j'avais consacré à Marc HERRAND, il ne suffit pas de faire "bom-bom" pour avoir l'air de vraies cloches... Marc poussant ses huit copains à se surpasser n'était pas seulement le magnifique harmonisateur des chansons des Compagnons, mais aussi le répétiteur, celui qui apprend, voix par voix, sa partie à chacun, eux qui ne déchiffrent pas. En effet, écrira-t-il, tout est dans la résonance à bouche fermée du "M" de "bom". La douce cloche du matin du baptême n'a rien à voir avec la volée joyeuse de midi pour le mariage, ni avec le glas de la mort. Heureusement que tous ces garçons étaient passés par la dure école de Louis LIEBARD pour supporter un pareil travail. Pour ma part, en tant que chef de choeur avec des troupes souvent novices, je me suis bien gardé de choisir cette chanson, ayant conscience que j'allais devoir devenir un tyran. Mon admiration pour Marc, dira encore Jean-Jacques, date de mes seize ans, en 1958, lorsque je vis les Compagnons sur scène pour la première fois. Marc n'y était déjà plus. J'ai tout fait pour me procurer les disques de la période "a capella" et me suis mis à chanter à tue-tête avec eux, m'appliquant à devenir, tantôt ténor, tantôt baryton, tantôt basse, découvrant ainsi de l'intérieur ce qu'était l'harmonie et le style Marc HERRAND. J'ai tout appris grâce à lui...
Et puis, il y eut le tournant de sa vie : sa rencontre avec la merveilleuse Yvette GIRAUD. Son départ des Compagnons fut une déchirure et, pour l'ensemble aussi. Ils lui demanderont d'ailleurs après coup de continuer à écrire les harmonisations de leurs nouvelles chansons. Mais, il suffit de voir Yvette et Marc, côte à côte soixante ans après, pour comprendre quel bon choix ils ont fait. Il devint son mari, son pianiste, son arrangeur et chef d'orchestre pour les enregistrements et acheta un traité d'orchestre et sur les instruments pour que l'harmonisateur choral se transforme en orchestrateur... Un jour, précise Jean-Jacques BLANC, j'eus l'occasion de correspondre avec lui avant de le rencontrer un certain nombre de fois ainsi qu'Yvette. Je ne fus vraiment pas déçu tant l'homme possède un épatant sens de l'humour. Un couple d'une énorme gentillesse qui rayonne. Les rencontrer est un enchantement.
Neuf ans après la disparition de son Yvette, Marc HERRAND nous a quittés et je suis ravi d'avoir pu lui consacrer ce portrait qui complète admirablement cette Route enchantée écrit à quatre mains avec son épouse en 2005. Cet ouvrage publié sous mon premier label en 2014 et dont la nouvelle société DECALAGE PRODUCTIONS EDITIONS a repris la diffusion depuis 2017 figure dans sa boutique en ligne. Reste également entre autres merveilles ce magnifique Prisonnier la tour (vidéo ci-dessous), de la période Edith PIAF, l'une de mes préférées et trop peu connue !
Louis PETRIAC
MARC HERRAND, UN INOUBLIABLE GRAND MONSIEUR DE LA CHANSON FRANCAISE, Louis PETRIAC, ISBN n° 978-2-918296-29-4