EXTRAITS : Le soir même, je fus invité à boire l’apéro chez Cuelo en compagnie de tous les autres membres du groupe. La “cabane” du maître des lieux semblait être le plus grande de toutes les cahutes de l’endroit et elle devait au moins faire une soixantaine de mètres carrés. Sur le devant s’avançait une grande terrasse ouverte. L’endroit était la seule cabane munie de rideaux aux fenêtres et dotée de pots de fleurs à même la terrasse. Conscient d’être dévisagé, j’étais un peu intimidé et m’efforçais d’être le plus naturel possible. Mais à mon bonsoir, personne ne répondit et la discussion reprit de plus belle, comme si personne ne m’avait vu ni entendu. Soudain, Cuelo apparut sur le seuil de la cahute avec quelques bouteilles de Tequila. Cela provoqua un murmure de satisfaction parmi les membres de l’assistance. Les hommes semblaient même ravi comme s’ils les avaient attendues impatiemment.
Une femme superbe que je devinais être celle du maître des lieux entra soudain et un silence que je soupçonnais être admiratif suivit aussitôt. Le gros Mario m’avait parlé d’elle et laissé entendre que son frère me la présenterait. J’imaginais le trouble que devaient ressentir tous ces paumés à la suite d’une telle apparition et combien les gorges avaient dû se serrer quand le sieur Cuelo l’avait installée dans la plus grande des cabanes de l’endroit. Balancée comme elle l’était, et sous le paréo dont elle s’était revêtue, soucieuse de conserver une certaine distance avec le petit personnel, devait battre le pouls d’une forêt vierge cent fois plus vivifiante que celle où j’étais à présent retenu et, mon esprit vagabondant comme celui de n’importe quel homme en bonne santé, je me mis à imaginer sans peine les collines majestueuses de contrées où il devait faire bon s’arrêter. Cette Française mâtiné de brésilien était une véritable beauté à couper le souffle qui eût le don de provoquer en moi une érection dérangeante. Décidément, ce métissage, fruit des amours d’une Brésilienne avec un Français était parfaitement réussi et j’étais au comble de l’émerveillement. S’il n’y avait pas eu autour de moi tous ces regards indiscrets, je me serais bien vu l’entreprendre. Comme au temps où, après les matches, je me faisais encore le plaisir de courir la gueuse. Comme aurait pu dire mon ami Franck, elle avait un de ces matériels de camping cette nana ! C’était même plus qu’une invite, un véritable appel à la concupiscence !
— Je suppose que vous êtes Bernard et que vous devez aimer les bonnes choses…
Elle avait raison notre maîtresse de maison, j’appréciais les bonnes choses. Décidément, elle avait l’œil. Celui aussi de ces séductrices qui savent parfaitement émouvoir un auditoire. Et je dois avouer qu’elle m’avait ému, surtout avec les arguments dont elle disposait, se rendant compte que cela ne m’avait pas laissé indifférent. Comment d’ailleurs aurais-je pu l’être ? Depuis son apparition l’atmosphère s’était considérablement réchauffée car, avec son paréo qui laissait apercevoir des seins rebelles, peu disposés à rester dans leur nid douillet à l’abri des regards, la température était montée d’un cran.
— Effectivement, répondis-je, me sentant pris une fois de plus en faute. Très heureux de vous connaître Julia. Mario m’a dit que vous habitiez Paris voici quelques années ? C’est vrai ?
— Oui, reprit-elle avec son très joli sourire. Et comme mon beau-frère a dû vous le dire, mon père est Français, tout comme vous, et ma mère Brésilienne. Ils vivent d’ailleurs toujours là-bas. Voilà, c’est confirmé et vous savez désormais tout de moi !
Tout, tout, peut-être pas, pensai-je. Décidément, cette splendide femelle était impayable, et cette façon de gentiment remettre à leur place ceux qui, comme moi, avaient un regard circulaire un peu trop prononcé, me donna le sentiment qu’elle n’était pas aussi innocente que je l’avais tout d’abord cru. Mais cette poupée était magnifique et je ne me serais pas fait prier pour partir en excursion avec elle sans appeler au secours autour de moi, seulement… Seulement, notre début de conversation avait dû commencer à indisposer singulièrement la compagnie de certains de mes hôtes. Cuelo, le maître de céans, l’interrompit soudain et prit la parole. Bien que ses yeux soient devenus mauvais, il entreprit de jouer les grands seigneurs et de faire comme s’il ne s’était pas aperçu du trouble que son épouse avait suscité en moi.
Voilà un nouveau polar qui devrait enrichir rapidement notre boutique en ligne.
NEIGE EN AMAZONIE, Frédéric RUHER, ISBN n° 978-2-918296-60-7