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Une sortie d'hôpital dont il se souviendra longtemps...

 

Juillet 1988... L'auteur de ce Voyage au pays de la déraison raconte ce qu'il a découvert lors de sa sortie d'hospitalisation et cela donne à réfléchir !

Extraits : L'arrivée du train en gare me permit de sortir de mes réflexions, la présence de quelques jolies estivantes aussi. Depuis combien de temps n'avais-je pas touché à une femme ? Je ne m'en souvenais plus et décidai de chasser cette interrogation de mes pensées ; il y avait tellement d'autres thèmes à méditer en liaison avec ce retour au bercail. Si je retrouvais un cadre presque aussi familier que celui que je venais de quitter, il n'en restait pas moins que j'étais tenaillé par la peur. Sans doute craignais-je d'avoir à tolérer des agissements auxquels jamais je n'avais eu à faire face au beau milieu de l'endroit qui m'avait hébergé trois mois durant. Des excès de comportements pour le moins assez surprenants et émanant d'être apparemment en excellente santé psychique qui n'avaient pas encore découvert les vertus d'une longue période de réflexion semblable à celle que je venais de vivre.

C'est en arpentant le quai bondé de voyageurs et en me dirigeant vers la sortie de la petite gare que les premières angoisses d'homme au mental torturé que j'étais resté m'assaillirent et que mes jambes se mirent à flageoler. j'étais à nouveau en prise directe avec la réalité et plus encore avec ce que je venais de supporter, ce cauchemar interminable que je continuais à vivre sans pouvoir m'en sortir. Je savais que le compte à rebours avait commencé et que le plus dur restait à faire. Il allait falloir à nouveau mentir et tricher, faire comme si, répondre aux questions restées en suspens auxquelles je m'étais jusqu'ici soustrait. Tenir également sans avoir recours à une quelconque saloperie comme tant d'autres avaient tenté de le faire avant de craquer impuissants et se retrouver complètement vidés à l'endroit qu'ils avaient quitté plein d'espoir, quelques journées auparavant. J'avais beau m'y être préparé, rien n'y faisait...

Prisonnier d'un taxi roulant à présent à vive allure, mon mental se mit à dériver et des images défilèrent en moi... Je revis une dernière fois les massifs de fleurs devant l'entrée du centre et le regard de chien battu de mes anciens compagnons d'infortune. Comme si, contradictoirement, et malgré un certain soulagement, mes pensées étaient restées là-bas depuis la veille. Derrière les grilles, peureuses et prisonnières de la ouate aseptisée en compagnie de tous ceux avec lesquels j'avais appris à me sentir bien sans avoir besoin d'utiliser de faux semblants.

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VOYAGE AU PAYS DE LA DERAISON, Louis PETRIAC, 978-2-952411-7-07