C'était incontestablement le temps de la disette et des vaches maigres ! En 1945, on sortait d'un conflit épouvantable et l'énergie employée par tous les jeunes n'était pas toujours couverte par une alimentation très riche et très abondante. Dans sa ROUTE ENCHANTEE écrite avec Yvette GIRAUD, Marc HERRAND le dit : il n'y eut jamais, pendant ces années de restrictions, aussi peu d'ulcères à l'estomac, de cas d'obésité, de toutes ces maladies provoquées par une alimentation trop riche. On a du mal à imaginer aujourd'hui la force morale qu'il a fallu à tous ces jeunes gens pour continuer à s'acquitter de leur labeur, trouver sans arrêt une inspiration salutaire, sans pour autant bénéficier d'une indispensable nourriture saine et abondante ! A la Villa du Point du Jour lyonnaise précise Marc, l'économe et le responsable de la cuisine avaient beau réaliser des prouesses pour nourrir tout ce petit monde, il n'en restait pas moins qu'ils devaient souvent se contenter les uns et les autres de tous ces légumes qui étaient appréciés des fins gourmets porcins dans les porcheries d'avant-guerre : les rutabagas et les topinambours ! Longtemps confrontés aux cartes d'alimentation et à la pénurie d'après-guerre, les futurs COMPAGNONS de la CHANSON devront attendre leur retour de tournée américaine en 1948 pour commencer à se nourrir convenablement. Comme le souligne toujours Marc dans son ouvrage à quatre mains préparé avec sa regrettée épouse Yvette GIRAUD, lorsqu'ils se trouvaient encore à Lyon, ils avaient beau se démener pour tenter, de temps à autre, d'obtenir un peu plus que ce qui leur était promis, c'était dur. Et s'il leur arrivait d'accepter de décharger un convoi de pommes de terre destiné à l'Allemagne, c'était loin d'être Byzance !
La photo de Guy BOURGUIGNON (ci-dessus) prise un peu plus tard à Ville-d'Avray à l'automne 1945, donne une singulière idée de la façon dont tous les futurs Compagnons encore COMPAGNONS DE LA MUSIQUE ont traversé cette époque de restrictions malgré une activité de plus en plus débordante et des représentations qui les menaient aux quatre coins de la région parisienne ! Pour Mimi LANCELOT, qui sera occupée à ce moment-là à leurs côtés, avec le cadet Gérard SABBAT, à poncer et à récurer l'ancienne demeure du peintre COROT à Ville-d'Avray, ils "étaient tous maigres comme des clous", Hubert le premier ! Leur demeure de Ville d'Avray était en effet loin d'être résidentielle puisqu'elle était abandonnée depuis de nombreux mois au moment de leur emménagement, ce que Gérard MEYER* avait rapporté à Louis PETRIAC en 2014. Encore que Guy, comme le souligne l'un de ses anciens camarades de JEUNESSE ET MONTAGNE, était lui, au plan du régime et des excès, "maigre à faire tourner une mayonnaise". On appréciera le qualificatif !
Après un peu plus de vingt années au sein du groupe, Guy BOURGUIGNON décédera le 30 décembre 1969 ; il avait été hospitalisé quelques jours plus tôt. Il avait retrouvé son copain Jacob (Jean-Louis JAUBERT) chez les Compagnons de la Chanson, un groupe qu'il créera avec lui en 1946 !
Ils étaient Compagnons de la Musique réédité par notre ancien label en décembre 2014 revient sur cette période essentielle ayant précédé la création des COMPAGNONS DE LA CHANSON par huit d'entre eux. Un ouvrage de Jean-Jacques BLANC que l'on peut toujours se procurer chez nous au prix de 24,90 €. Ces ouvrages sont tous en vente dans notre boutique en ligne.
* Fils de Maurice MEYER qui succédera à Louis LIEBARD à la tête des COMPAGNONS DE LA MUSIQUE en 1948.
ILS ETAIENT COMPAGNONS DE LA MUSIQUE, Jean-Jacques BLANC, ISBN n° 978-2-918296-32-4