Son grand-père Gabriel BOULOGNE avait dû quitter sa ferme de Dordogne pour gagner la gare de Brive en juin 1943 avec d'autres jeunes gens dont le seul tort avait été d'avoir eu vingt ans. "Le jour où on reviendra au pays, on pourra dire qu'on aura vu quelque chose", avait-il dit amèrement avant de s'embarquer pour le pays nazi des Sudètes tchèques où il avait été contraint d'effectuer un Service du Travail Obligatoire (STO). Prendre le maquis comme d'autres en ce début d'été 1943, il y avait songé tout en sachant que les familles des dissidents risqueraient d'être menacées de représailles. Aussi bien celles des autorités pétainistes d'un dénommé Pierre LAVAL que celles de cette Milice qui venait de voir le jour pour traquer les jeunes réfractaires et les Juifs !
Alors, il est parti Gabriel, sans envie de participer à cette fumisterie, ce qui lui sera pourtant reproché à son retour sans qu'il puisse se défendre avec des arguments car on l'avait rémunéré, certes faiblement et pour vaquer à des tâches souvent exténuantes. Dix heures d'un travail quotidien avant un léger repos et un bis repetita ! Le grand Reich d'HITLER venait de perdre en un an près de 500 000 soldats et il avait besoin de sang neuf, surtout après le début des premiers déboires à Stalingrad où leur maréchal PAULUS avait pris une déculottée mémorable face à une Armée rouge déchaînée.
De cette contrainte sont restées comme celle publiée en tête d'article (ci-dessus) des lettres retrouvées par son petit-fils Cédric qui a décidé de les publier pour que l'on se rende compte de ce qu'aura été l'univers de tous ces jeunes gens privés de jeunesse car à leur retour ils seront considérés comme des traîtres qui avaient choisi contre trois fois rien d'aller travailler pour les nazis. Ce qui était faux, même si les tout premiers avaient accepté dès 1942 de participer à une relève prévoyant le retour d'un prisonnier de guerre pour le départ de trois ouvriers français ! Un système qui se soldera par un échec et qui sera du reste à l'origine de la création de ce STO !
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LETTRES D'UN DAMNE AU COEUR DE LA MACHINE NAZIE, Gabriel BOULOGNE, ISBN n° 978-2-918296-61-4